Edgard Chesnel (GSI) : « Rien à perdre et tout à gagner! »

Publié le 14/04/2023

La GSI Pontivy (D2), petit poucet de la Coupe Région Bretagne Futsal, a créé l’exploit en éliminant le Loudéac OSC (R2) aux portes de la finale. Un affrontement entre David et Goliath aura donc lieu le 30 Avril à Pordic car c’est la TA Rennes, leader de R1 et tenante du titre, qui l’a emporté 6-4 contre le Stade Brestois 29 dans l’autre demi-finale. Nous avons rencontré Edgard Chesnel, entraîneur de la jeune équipe morbihannaise, à moins de 3 semaines d’une rencontre qui pourrait être plus disputée qu’on ne le pense.

Vous avez éliminé 5-2 le Loudéac OSC (R2) en demi-finale de la Coupe Région Bretagne Futsal. Quelle est votre réaction suite à cette qualification en finale et ce superbe parcours ?
E.C. : « Le sentiment qui prime est la fierté. C’est une réussite collective, c’est à dire les joueurs qui ont joué ce match, le reste de l’effectif, les bénévoles ainsi que l’association de badminton de Pontivy qui nous met à disposition la salle. Très fier de cette qualification pour le club, la ville et évidemment pour nous. Forcément c’est une surprise, à l’heure où je vous parle nous sommes encore étonnés d’être en finale. C’est une grande réussite qui nous procure beaucoup de sentiments positifs. »

Vous êtes 1er de D2 avec 10 victoires en 10 matchs et en finale de la coupe régionale. Est-ce que vous vous attendiez à réaliser cette saison proche de la perfection ?
E.C. : « Forcément, les 10 victoires en autant de matchs nous assure le titre de District 2. En lançant la section avec des joueurs évoluant en N3, R1 et D1 nous nous attendions à gagner des matchs et peut-être finir champion en perdant 2 ou 3 matchs. Mais de là à atteindre les 32èmes de finale de la Coupe Nationale Futsal pour notre première participation et être reversé en Coupe Région Bretagne jusqu’à aller en finale, non. Il y a 1 an, j’aurai signé tout de suite pour 3 matchs de coupe nationale et un quart de finale de coupe régionale. En coupe, l’engagement est un peu plus important car une qualification peut procurer d’énormes émotions. Nous nous sommes pris au jeu et avons continué sur notre lancée après le beau parcours en coupe nationale. Nous voulions aussi prouver qu’à Pontivy, nous pouvons faire rayonner le futsal et le développer à l’échelle locale. »

D’où viennent les joueurs qui composent votre équipe et quel projet leur avez-vous présenté pour les convaincre de commencer à jouer en D2 ?
E.C : « Le projet remonte à l’année dernière, quand je passais mon BMF (Brevet de Moniteur de Football), et a vu le jour pour deux raisons. La première est que le club perdait de nombreux U18/U19 à la fin de leur cursus. Le niveau de notre équipe C étant modeste, il était compliqué de les maintenir en séniors. Pour les garder, nous leur avons proposé de pratiquer du futsal en parallèle. La deuxième raison est que nous avions une équipe d’éducateurs qui se réunissait uniquement pour des réunions techniques et les jours de match. En composant l’équipe de futsal, j’ai leur ai donc proposé de rejoindre le projet et ils ont presque tous répondu favorablement. Après, il faut savoir que des éducateurs sont dans le groupe N3 et je les remercie encore pour leur ouverture d’esprit par rapport au futsal car 4 joueurs de leur équipe jouent également avec notre section. La majorité de nos matchs sont le jeudi et cela leur sert d’entraînement. Tant qu’ils pratiquent du football, même en salle, cela reste une bonne activité pour préparer les matchs. Sans ces joueurs, notre équipe serait un peu plus faible mais nous nous adapterons toujours à la volonté du coach du groupe N3. Pour le moment nous sommes contents car il va dans notre sens. Le reste de notre effectif est composé de joueurs nos équipes B (R1) et C (D1). Seulement 3 joueurs n’ont pas la double licence, dont deux éducateurs. »

La GSI écrase la concurrence en championnat en ayant notamment marqué 120 buts en 10 matchs. Nous pourrions penser que ce manque d’adversité vous serait préjudiciable au moment d’affronter des équipes de calibre supérieur en coupe, mais pourtant vous excellez contre ces dernières. Comment l’expliquez-vous ?
E.C : « Nous arrivons à adapter l’adversité en championnat dans le sens où nous essayons de rendre les matchs intéressants pour nous comme pour les adversaires. Sur des matchs de D2 où des gros écarts de score peuvent avoir lieu, nous pouvons sentir une baisse de motivation. Mais quand nous nous rapprochions d’une éventuelle finale de Coupe Région Bretagne Futsal, nous avions de plus en plus de soutien, notamment en quarts de finale à Montgermont où il y avait beaucoup de monde. Nous ressentions une sorte de pression positive et cela nous a transcendé. Au premier abord, nous pouvons passer pour une équipe qui manque de respect dans le sens où nous sommes une équipe de copains. Je pense que c’est notre force, notamment contre des adversaires de niveau équivalent au nôtre. Contre le Loudéac OSC (R2), même s’il y’avait 2 divisions d’écart, nous n’avons pas ressenti de grande différence de niveau sur le terrain. C’est l’entente au sein de notre groupe qui a fait la différence. Certes, des fois on s’engueule (rires) mais on se dit toujours les choses avec respect et nous sommes tous unis. Nos échauffements sont parfois à la limite du raisonnable par leur courte durée mais nous savons comment chacun fonctionne et nous arrivons à nous motiver. Ce manque de sérieux est voulu, et tout cela mis bout à bout fait que nous sommes complètement décomplexés. Depuis les huitièmes de finale nous sommes le petit poucet en termes de division alors ce n’est que du bonus. Même si nous avions été éliminés plus tôt, cela aurait été un beau parcours. Nous arrivons tout le temps à tirer le meilleur d’entre nous pour les matchs à pression et cela sera sûrement pareil en finale contre la TA Rennes. »

Le 30 Avril à Pordic, vous jouerez cette finale contre la TA Rennes, leader de R1. Un affrontement entre les 2 équipes a déjà eu lieu cette saison en 32èmes de finale de la Coupe Nationale Futsal et s’est soldé par une victoire aux tirs au buts des rennais après un match nul 6-6. Cette rencontre serrée vous a-t-elle donné des clés tactiques pour contrer leur jeu technique et collectif ?
E.C. : « Oui et non. Le match a été filmé donc nous avons pu revoir nos actions et celles de l’adversaire. Il faut savoir qu’il leur manquait du monde, ce qui peut expliquer le score serré. Mais nous avions aussi des absents car le groupe N3 avait un match de championnat à Vitré. Nous avons identifié leurs points forts, notamment les blocs très importants, les déplacements huilés et les temps de jeu coordonnés précisément, ce que nous ne retrouvons pas en championnat ni en coupe contre d’autres bonnes équipes. Nous pourrons certes nous appuyer sur le match des 32èmes de finale de coupe nationale mais cela ne sera pas le même match. Avec les joueurs qu’ils récupèreront, leur préparation pour le barrage d’accession en Division 2 et leur volonté de conserver le trophée, ils voudront sûrement montrer qu’ils sont les meilleurs de la région et que le résultat de notre dernier affrontement était dû à leurs absences. Après nous allons jouer notre jeu de façon libérée comme contre Loudéac et la TA en coupe nationale. C’est une équipe d’expérience, très calme, qui sait ce qu’elle fait même menée. Quand nous menions à la mi-temps, ils ne se sont jamais affolés sur le terrain. Nous allons forcément essayer de les pousser dans leurs retranchements et de prolonger le rêve en gagnant cette Coupe Région Bretagne, ce serait formidable. »

Dans quel état d’esprit sont les joueurs avant le match le plus important de l’histoire de votre jeune section ?
E.C. : « Nous avons suivi la demi-finale de la TA contre le Stade Brestois en direct sur les réseaux sociaux et nous nous attendions à un match déséquilibré suite à leur dernier affrontement (victoire 14-1 des rennais). Au final c’était très serré et la rencontre ne s’est décantée que sur la fin. Nous sommes contents de les retrouver, ce sera une belle finale. Je pense que les joueurs vont être libérés. Nous savons que cela va être compliqué, comme en coupe nationale, mais nous ne partons pas défaitistes et allons jouer notre jeu à fond. Si nous les avons emmené aux T.A.B une fois, pourquoi pas une deuxième fois ? Les deux équipes seront cette fois-ci au complet et ce match sera l’une de leurs dernières répétitions générales avant le barrage d’accession en Division 2, ça promet. Honnêtement nous sommes totalement décomplexés et c’est ce qui fait notre force depuis le début de saison. Nous serons peut-être plus sérieux par moments mais nous approchons sereinement cette rencontre et n’allons pas changer nos habitudes. Nous connaissons nos forces et faiblesses ainsi que celles de l’adversaire, maintenant il faut jouer le jeu à fond pour ne pas avoir de regrets, car nous en avons encore quelques-uns par rapport au match de coupe nationale. Le plus important reste de prendre un maximum de plaisir, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Cela doit rester notre ligne directrice. »

Comment estimez-vous vos chances de réaliser l’exploit face à la TA Rennes ?
E.C. : « Le match sera sur terrain neutre et nos supporters devraient être nombreux à se déplacer, nous sommes en train de nous organiser pour venir en bus tous ensemble. Si nous avons un gros public derrière nous, comme lors du dernier affrontement, cela peut changer la donne. Je dirais que nous n’avons rien à perdre et tout à gagner. Forcément ils partent largement favoris, du fait de l’écart de divisions. En tant qu’outsiders, nous allons jouer le coup à fond et serons sérieux de bout en bout, tout en étant décomplexés. Mais nous avons déjà gagné en soi. Notre parcours est une vraie réussite car nous avons su marquer un gros coup dans le cœur des gens dès notre première saison. Les gens savent que Pontivy peut être une terre de futsal et c’est sûrement ça la plus belle des victoires. Je suis très fier de l’engouement autour de notre équipe, au début de la saison nous n’aurions pas imaginé que les tribunes pourraient être pleines comme jeudi dernier. Nous nous attendons à une finale disputée comme lors des 32èmes de finale de la Coupe Nationale Futsal. »

Comment imaginez-vous la suite pour la GSI Pontivy Futsal ?
E.C. : « Il faut faire attention car c’est la première année, nous faisons un top parcours en Coupe Région Bretagne, nous sommes champions de D2, n’avons perdu qu’un match cette saison, nous jouons encore le Trophée Morbihan Futsal… C’est un gros départ mais ce sera à nous de le réguler et de continuer sur notre lancée pour que la section s’intègre au club au fur-et-à-mesure des années. Tout le monde peut faire une bonne première saison mais il n’est pas simple de confirmer sur les suivantes. Nous restons une association, le futsal reste une pratique nouvelle, et c’est au club de structurer tout cela pour éviter que des joueurs partent et pour développer la section. L’année prochaine, j’aimerais développer le futsal auprès des U18 en les faisant jouer le jeudi, soit sur une catégorie U18 soit sur une deuxième équipe séniors. Cela leur permettrait de développer tous les aspects du jeu que le futsal peut proposer. Peut-être que cela donnerait envie à certains de se spécialiser dans cette pratique, ce qui nous permettrait d’avoir une réserve de joueurs futsal dans laquelle on peut piocher. »

Propos recueillis par Pierre Samson

Par Solenne Rescan

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